Samedi 2 octobre avait lieu les portes ouvertes de la section Rugby Santé du club RCVB (Respect, Camaraderie, Volonté, Bravoure) au complexe sportif Guy Boniface de Villejuif. L’atelier proposait aux personnes atteintes de pathologies comme le cancer ou parkinson, de renouer avec ce sport qui peut parfois faire peur.

Il est 10 heures et Catherine Terrade attend que les participants de l’atelier arrivent. Ces portes ouvertes résonnent de manière toute particulière pour elle : « j’ai eu deux cancers du sein : Pouvoir m’engager dans cette section rugby, ça me redonne de la force ». Catherine travaille à temps plein pour organiser cette section santé. Elle s’est déjà prise au jeu de ce rugby adapté : « Pendant les entraînements, j’oublie tout : la maladie, les traitements, les douleurs » confie-t-elle. Edouard Normand, l’éducateur sportif en charge des entraînements, est ravi de voir cette section plus investie : « Nous, on veut casser l’image de ce rugby un peu moyenâgeux et brutal que tout le monde se fait. La devise du club c’est « le rugby se conjugue à la première personne du pluriel » et on veut qu’elle devienne un leitmotiv quotidien » affirme-t-il. Loin du cliché des matchs télévisés, l’atelier des portes ouvertes propose échauffement en douceur, prise en main du ballon ovale et dépassement de soi, chacun à son niveau.

« Pendant les entraînements, j’oublie tout : la maladie, les traitements, les douleurs »

Henri, atteint de Parkinson depuis 6 ans, est venu à l’atelier de Rugby Santé avec Laura, sa kinésithérapeute. Ils sont unanimes, les séances de rugby ont eu un impact très positif sur sa santé : « Une séance de sport comme ça, ça remplace une séance de kiné. Si ça continue je vais même plus le voir !» plaisante Laura. Au-delà de l’accompagnement sportif, les entraînements permettent de retrouver confiance en soi comme le souligne Frédérique atteinte de polyarthrite rhumatoïde : « ça fait du bien de se sentir capable de faire du sport. On partage, on plaisante et on voit qu’on n’est pas tout seul » glisse-t-elle.

L’équipe Rugby Santé joue dans une atmosphère légère mais Edouard Normand reste bien conscient que cette section n’est pas comme les autres. Parfois, certains patients disparaissent brutalement : « L’année dernière, on a perdu deux membres de l’association. Il faut savoir se blinder psychologiquement parce que ce sont des choses qui arrivent inévitablement dans ce genre de section » prévient l’entraîneur.

Nicolas Forstmann est chargé d’étude en développement et analyse de l’accès à la pratique sportive à l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance. Il est aussi membre du club de rugby de Villejuif depuis 15 ans. Pour lui, le sport a définitivement un impact positif sur l’état des patients : « L’activité sportive permet de réduire les effets secondaires des traitements, de se renforcer, de réduire la fatigue, mais aussi d’éviter les rechutes. Dans le cas du cancer du sein, la pratique du sport à long terme permet de réduire de 24% les récidives et de 28% les décès. » précise le chercheur. Depuis 2017, un réel progrès a été accompli par les fédérations sportives pour inclure les personnes atteintes de pathologies lourdes. Le « médico-sport » a été mis en place par le Comité National Olympique Français : il s’agit d’un dictionnaire mis à la disposition des médecins qui permet de trouver un sport adapté à chaque patient.